Au coeur d'un Floride méconnue. Le pays du "Muck Bowl"

Connaissez vous le point commun entre Santonio Holmes des Steelers, Fred Taylor des Patriots et Anquan Boldin des Cardinals?

Ces trois stars de la NFL comme 48 autres joueurs de la ligue de ces 40 dernières années sont originaires d'une toute petite région de Floride connue sous le nom des Glades.
Loin de l'ambiance latino chic de Miami, des parcs d'attraction géants de Orlando et autres stations balnéaires luxueuses des deux côtes de l'Etat de Floride mais pourtant au beau milieu de tout ça les Glades ne ressemblent pas à la Floride que l'on a l'habitude de voir ou de rêver.

Au bord du lac Okeechobee, aux limites Nord de la région sauvage des Everglades, à mi chemin de Palm Beach et de Fort Myers, la région est réputée pour deux productions: Son sucre de canne et ses joueurs de football. Seconde région de la culture de la canne à sucre du pays juste derrière la région de Raceland en Louisiane du Sud, les Glades ont subi de plein fouet la mécanisation de cette activité agricole pendant les années 70 et 80. 40% de chômage, les plus bas revenus moyens de l'Etat, le second plus haut niveau de crime violent du pays, on ne peut pas dire que ce soit une destination de rêve. Le lac n'est même pas attirant, complètement entouré de hautes digues pour éviter qu'il ne déborde sur ces plaines au premier ouragan venu (celui de 1928, avant les digues, tua 2500 personnes dans la région!). Seule richesse du coin, le sol fertile, noir et riche, surnommé "The Muck", littéralement "La Boue". Deux petites villes défraîchies posées là au bord du lac, Pahokee 6600 habitants, Belle Glade 16500. La population, majoritairement afro américaine, un bon quart de latinos dont une forte population d'origine haïtienne n'a guère autre chose que le football pour se changer les idées en espérant que les projets de casinos et de hub portuaire finissent par ranimer l'économie moribonde de la région.

Glades Central et Pahokee High, les deux lycées de la région, les deux échappatoires de la région devrait on dire, sont de tout petits lycées dans la hiérarchie complexe des lycées publics floridiens. Classés seulement "2" dans le barème par taille allant de la catégorie 1 (les plus petits) à 6, ils n'arrivent la plupart des années qu'à "casquer" une quarantaine de joueurs dans leurs équipes de football. Mais à défaut de quantité, la qualité ne manque pas: Cette saison leur du derby, le "Muck Bowl", 17 des joueurs sur le terrain avaient déjà eu des offres de bourses d'universités de division1 NCAA et depuis 1971 les deux écoles ont cumulé 11 titres de champions de l'Etat!


La légende veut que ce soit la tradition locale de courser et chasser les lapins qui s'enfuient quand on brûle les champs de canne avant la récolte qui serait à l'origine du talent inné des jeunes du cru. La volonté farouche de s'échapper de cet enfer boueux, violent et déshérité est peut être une explication plus convaincante... Il n'empêche que lors du premier entraînement de reprise en avril dernier à Pahokee High on pouvait trouver au bord de touche Urban Meyer le head coach de Florida, Bobby Bowden de Florida State et une bonne partie de leurs staffs, à la recherche des prochains diamants à extirper du "Muck". Rich Rodriguez qui descendait déjà jusque là du temps où il était à West Virginia exporte même certains d'entre eux à Michigan qui cette année avait dans son roster 3 anciens de Pahokee. Un des secrets de ces deux incroyables "usines à champions" semble aussi résider dans la fidélité des anciens qui reviennent en masse une fois couverts de gloire au bord du lac de Okeechobee pour encadrer et soutenir la génération suivante. Une véritable solidarité qui s'applique à toute la région. Le "Muck Bowl" loin d'être un de ces derbys régionaux pleins de vielles haines locales et de rivalités malsaines est une fête entre deux écoles qui se respectent et se soutiennent. Comme le dit le coach de Glades Central Jessie Hester (un ancien NFL lui aussi): "Quand Pahokee ne joue pas contre nous, je souhaite qu'ils gagnent car personne d'autre que nous ne mérite de les battre".


Si vous souhaitez en savoir plus sur cet univers à part dans le monde du foot américain floridien, nous vous conseillons le très brillant reportage paru dans "Sports Illustrated" du 30 novembre dernier et qui nous a inspiré cet article.

4 commentaires:

  1. Juste une petite question : comment faites vous pour vous procurer Sports Illustrated ? L'expédition ne se fait qu'aux US.
    Merci d'avance pour la réponse.

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  2. Personnellement ça fait plus de 15 ans que je suis abonné Pour s'abonner ou se réabonner il ne faut pas passer par le site de SI mais celui de Times International en contactant leur service clientèle. Ils ne sont pas tjrs très réactifs et il faut être patient! Sinon leur site donne accès à une bonne partie des articles plubliés.

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  3. voila l'adresse mail à contacter pour les abonnements à SI: foreignservice@customersvc.com

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  4. Merci beaucoup pour toutes ces infos.

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