Entretien avec Frank Chagnon, coach pour la plus vieille équipe de football au Monde.


Frank Chagnon "recruiting coordinator" et assistant coach (Ligne défensive) à McGill nous a accordé une interview pour nous parler en autres de la saison universitaire au Canada.

- En quoi consiste ton rôle de "recruiting coordinator"?
- Le rôle de Coordinateur du recrutement consiste à identifier les joueurs de talent, d'assister à leurs matches, de les évaluer, de faire des recommandations à l'équipe d'entraîneurs et de les rencontrer pour discuter avec eux de leur avenir académique et sportif. Je m'occupe aussi de coordonner les différentes activités reliées au recrutement. Telles que visites du campus, rencontres avec l'entraîneur-chef et les coordonnateurs, invitations à des parties de foot. Je visite environ une douzaine de camps de printemps collégiaux au mois de mai de chaque année à travers le Québec (plus de 3000 km de route!) et je m'assure qu'il y ait un coach de McGill aux autres camps. J'entretiens une correspondance avec les joueurs pour m'assurer qu'ils conservent le cap en ce qui a trait à leurs études et analyse les vidéos "highlights" que les joueurs nous font parvenir. Aussi, je vois à ce qu'il y est l'un de nos entraîneurs aux différents matches de la saison collégiale.

- Dans ton rôle de recruteur comment "vend" tu Mc Gill par rapport aux autres universités?
- Le mot "tradition" fait partie de mon discours. Nous sommes la plus vieille équipe de football au monde. 2010 est notre 130ième saison. Mais surtout, je met l'emphase sur la qualité de l'enseignement qu'ils recevront à McGill. Nous sommes cotés 18ième meilleure université dans le monde et meilleure université au Canada. Ce n'est pas rien! Car il ne faut pas oublier qu'avant tout, l'université c'est pas qu'une équipe de football, c'est un environnement académique. Notre taux de graduation de joueurs est à 98%. Nous sommes aussi dans une phase de reconstruction, nous avons donc des besoins à combler car nous manquons de profondeur à certaines positions. Donc, les joueurs qui arrivent chez-nous ont souvent l'occasion de fouler le terrain plus rapidement qu'avec d'autres équipes. Mais avant même de parler football, je vais leur demander ce qu'ils veulent faire plus tard dans la vie, car le football, c'est bien beau, mais nous savons tous qu'une carrière de joueur est relativement courte, les joueurs doivent avoir un plan de vie pour l'après football et McGill les préparera très bien pour cette nouvelle carrière. Je leur parle aussi de nos installations qui sont exceptionnelles, à ce point que les Alouettes de Montréal de la Ligue Canadienne de Football, ont élus domicile sur notre terrain. Nous avons aussi un 2ième terrain d'entraînement à surface synthétique lorsque les Alouettes disputent une partie locale. Nous avons notre salle d'entraînement (muscu) qui est supervisée par un professionnel, un gymnase quadruple, 2 ou 3 gymnases double (j'en perd le compte...) une équipe médicale dédiée et des entraîneurs à temps complet pour superviser le travail de joueurs pendant et hors saison. Durant la période hivernale, nous avons accès au Tomlinson Hall, stade d'athlétisme intérieur pour nos entraînements. Et notre campus est situé en plein centre-ville de Montréal, donc pas question de s'ennuyer!

- Quels sont les objectifs des Redmen cette année?
- Notre objectif principal pour la saison 2010 est une participation aux séries de fin de saison, donc finir dans les 4 premiers au classement général (de la Conférence)
Un autre objectif est une progression/amélioration hebdomadaire de notre qualité de jeu. Nous travaillons beaucoup sur la qualité de l'exécution dans les 3 aspects du jeu: offensif, défensif et unités spéciales.

- Qu'est ce qui a fait la différence dimanche contre Laval? Qui t'a impressionné chez eux?
- La grosse différence dans notre partie contre Laval est qu'en 2ième mi-temps, nous n'avons pas été en mesure de soutenir de longues séries offensives. Nous avons eu trop de "2 & out", ce qui a fait que l'unité défensive a passé beaucoup de temps sur le terrain. A partir du milieu du 3ième quart, nos joueurs en défensive étaient très fatigués et cela a eu comme résultat une moins bonne pression sur le QB et des erreurs en couverture.
Le joueur qui a le plus impressionné est sans aucun doute, Arnaud Gascon-Nadon, DE. Il fut une menace durant toute la partie.

- Est ce que tu penses que le Rouge et Or peut gagner la Coupe Vanier cette année?
- Le Rouge et Or demeure le Rouge et Or. C'est une bonne équipe avec beaucoup de talent et qui est bien entraînée. Ils ont subit beaucoup de changements avec l'arrivée d'un nouveau Coordinateur offensif et le départ de Benoît Groulx. Mais ils ont beaucoup de profondeur et sauront se battre jusqu'à la toute fin.

- Les Carabins peuvent ils battre Laval pour gagner la conférence québécoise?
- Dans la conférence québécoise, je pense que tout le monde peut battre tout le monde. Les Redmen ont chauffé le Rouge et Or en première demie et avec un peu plus de chance, nous aurions pu nous retirer au vestiaire avec une avance de 12 à 10, mais 2 revirements coûteux ont fait que ce fut avec un déficit de 10-2 que la demie s'est terminée. Les Carabins ont eux chaud contre Sherbrooke (4 points d'écart) et le duel Bishop's - Concordia s'est soldé par une victoire de 3 points pour Concordia. Donc la conférence est très compétitive. Il est très difficile de prédire le classement final.

- Comment décrirais tu l'évolution, l'état de santé du football québécois?
- Le football québécois se porte à merveille et il évolue très rapidement. Nous avons maintenant 30 équipes collégiales (CEGEP) et au moins une nouvelle équipe se joindra au circuit la saison prochaine. Le nombre d'équipes scolaires continue d'augmenter et c'est 2-3 nouvelles équipes qui arrivent dans chaque ligue dans la province et c'est sans compter les équipes du niveau civil. A titre d'exemple, lorsque j'ai commencé à coacher voilà...heu...plusieurs années...le club comptait 15 équipes, aujourd'hui, c'est 39 équipes et 2 nouvelles équipes verront le jour pour la saison prochaine! Imaginez le Flash avec 39 équipes différentes... Et nous ne voyons pas vraiment de ralentissement à l'horizon. De plus, les organisations, que ce soit scolaires ou civiles, investissent massivement dans les infrastructures. Fini le temps où nous jouions sur des terrains de piètre qualité.

- Tu as participé à l'EIFA cette année, comment as tu trouvé le niveau des joueurs français? Est ce que la forte augmentation du nombre de français dans les alignements des universités québécoises fait parler chez les coachs ?
- Le niveau nous a quelque peu surpris. Il y a de très bons athlètes et joueurs de foot en France. Il y a quelques joueurs qui ont participé à l'EIFA qui auraient leur place dans la ligue universitaire. Autre chose aussi que nous avons noté, c'est la passion des participants pour le foot et ça, ça ne se coache pas, mais ça rend notre travail d'entraîneur beaucoup plus facile, car il y a un désir d'apprendre et de s'améliorer qui est fantastique. Par contre, le niveau n'est pas égal d'un club à l'autre. En discutant avec les joueurs, nous avons constaté que trop de clubs mettent l'emphase sur le système et pas assez sur la technique. On a beau avoir le meilleur système au monde, mais si la technique n'est pas au rendez-vous, le système ne peut être exécuté correctement. Chez nous, nous passons environ 35% de nos entraînements sur la technique.
Le nombre grandissant de joueurs français dans les équipes québécoises démontre le sacrifice que les joueurs sont prêt à faire pour satisfaire leur passion. Les équipes universitaires savent qu'il a de bons joueurs en France et nous ne sommes pas surpris outre mesure de les voir bien performer. Par contre, le recrutement de ces joueurs reste difficile, la distance n'aidant pas. Si ces joueurs sont passés par les rangs collégiaux, c'est sûr que c'est plus facile car nous avons une chance de les voir à l'oeuvre. En bout de ligne, nous recrutons les meilleurs indépendamment de leur pays d'origine.

- Les Redmen ont un français dans leur effectif (Tristan Baldini) , penses tu qu'il pourra se montrer cette saison?
- Tristan est un superbe athlète et tout un receveur! Il a ce qu'il faut pour performer à notre niveau. Nous voulons lui donner toutes les chances de réussir au niveau universitaire et il faut être patient. Nous voulons nous assurer qu'il performera aussi bien sur le terrain que sur les bancs d'école car nous voulons qu'il joue pour plusieurs saisons avec les Redmen et pour cela, il doit bien s'acclimater aux études en anglais, mais il est promis à une belle carrière universitaire.

7 commentaires:

  1. Bien vu, c'est la plus vielle équipe du monde et ceux qui ont inventé (enfin joué) les premiers au foot us dés 1865. Princeton n'a joué son premier match qu'en 1867.

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  2. J'aimerais savoir ce que signifie "2 & out"?? Sa signifie seconde et longue??

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  3. c'est le pendant canadien de "3 and out"... il n'y a que 3 downs au foot canadien! donc après deux tentatives ratées on punte au troisième jeu d'ou le "2 and out"

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  4. comme les études sont en anglais, est ce que le joueur français doit passer le tofel avant d'intégrer les rangs de Mc gill ?
    si oui, qulle note doit il obtenir ?

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  5. tres bonne question... je vois si j'arrive à obtenir une réponse!

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  6. Bonjour,

    Non les français ne sont pas obligés de passer le tofel, mais c'est mieux pour eux d'avoir une certaine métrise de l'anglais. J'ai du passer par un programme qui est Full-Time English car je n'avais pas une assez bonne moyenne pour rentrer dans un programme régulier mais j'aurai pu y rentrer sans connaitre vraiment l'anglais. Tu as le droit à la moitié de tes cours en francais normalement et tu peux remettre tes devoirs en francais, mais je ne suis pas sur de ça.

    Baldini Tristan

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  7. Coach Chagnon complète la reponse de Tristan: " les étudiants ont le droit de remettre leurs travaux en français et de passé leurs examens en français pour permettre une meilleure intégration à l'environnement anglophone.  Le fait de remettre les travaux et les examens en français n'affectera en rien le résultat final, ils seront évalués au même niveau et sur les mêmes bases que s'ils avaient tout fait en anglais."

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