Rencontre avec Guillaume "Bednarik" Beard


Quand Cedric Essermeant nous en a parlé pour l'article sur l'EIFA, on a été intrigués. Après de rapides recherches nous avons retrouvé la trace de ce fameux Fenri de Dijon de 61 ans, et on a pas été déçu....
Rencontre avec le doyen du foot US Français....


Guillaume Béard n'a pas toujours porté ce nom. A sa naissance en République Tchèque en 1950 il s'appelait Joseph Bednarik (oui Bednarik comme Chuck la légende des Eagles, il y a des gens prédestinés...). Sportif, champion d'escrime, il est aussi rebelle et engagé. Forcément quand on a 18 ans en 68 à Prague.... Opposant à la junte communiste il fait un an et demi de prison avant que le régime lui donne le choix entre 3 ans de plus à l'ombre ou une expulsion vers l'Ouest. Il devient ainsi réfugié politique en Bourgogne, change de nom, et se retrouve un peu par hasard au service des sports du Conseil Régional de Bourgogne. C'est là que l'aventure foot US commence pour lui.


- Racontez nous comment vous avez découvert le foot US à presque 40 ans?
- Un jour un militaire de la base de Dijon vient me voir au Conseil régional. Il m'explique qu'il veut monter un club de football américain et cherche des subventions. Comme il était encore seul, je ne pouvais pas faire grand chose pour lui mais ça m'a intrigué alors j'ai décidé de l'aider plus personnellement. Je lui ai proposé de monter ce club avec lui et ai trouvé un terrain à la fac. C'est comme ça que les Ducs, qui se sont aussi appelés les Burgondes sont nés! J'ai été Président-joueur du club, président de la ligue Bourgogne aussi. Le club a bien marché pendant quelques années. Et puis on s'est arrêté surtout par manque de moyens.

- On m'a dit que vous aviez aussi créé des choses dans votre pays d'origine en République tchèque...
- Oui, là aussi un peu par hasard. Je me suis retrouvé à m'occuper des relations internationales au Conseil Régional en 91 et j'ai eu une mission de 11 mois à Prague. Pas très intéressante, je m'ennuyais ferme. Un jour dans un bar je rencontre un homme et son fils, rugbyman, et de fil en aiguille on se décide à essayer de lancer le foot US là bas. Au bout de quelques semaines, on s'est vite retrouvé une quinzaine, sans équipements, à s'entraîner sur des terrains de l'Université. Je suis rentré en France un peu après, mais c'est ce noyau de joueurs qui est à l'origine du club des Panthers de Prague (multi champion et vainqueur de l'EFAF Cup l'an passé).

- Vous avez toujours joué en ligne offensive?
- Non en fait principalement en défense au départ, linebacker notamment, mais avec l'age on est moins rapide donc je me suis progressivement rapproché des lignes, en défense et maintenant en attaque. Ça me convient tout à fait. Il faut être solide, calme, l'expérience est un atout.

- Vous aviez pourtant arrêté avec la fin des Ducs?
- Oui pendant quelques années. Puis en 2000 un des jeunes que j'avais formé aux Ducs quand il avait 14 ans et venu me voir. Il essayait de remonter un club. Je n'ai pas pu résister mais je lui ai demandé simplement de n'être qu'un simple joueur. J'avais assez donné dans l'administratif! Et j'ai donc repris aux Fenris. Ils ont quand même réussi à me mettre secrétaire

- Vous vous donnez une limite?
- Non tant que je peux jouer et ne suis pas ridicule sur le terrain je jouerai! Cette saison j'ai du arrêter un peu avant la fin de saison à cause d'une blessure que je traîne depuis deux ans au niveau du tendon d'Achille. Mais je fais ce qu'il faut pour être en forme pour l'EIFA cet été. Je pense que justement ce sera sûrement un blessure qui m'arrêtera, le plus tard possible!

- Comment voyez vous l'évolution de notre sport en France?
- C'est fantastique. Ces dernières années je vois le niveau monter, de plus en plus d'équipes se créer, il a de l'enthousiasme, je sens que les gens s'intéressent. On n'a plus l'impression comme dans les années 80 d'être seuls au monde!

- Certains disent que la nouvelle génération s'implique moins, n'a pas la passion des "pionniers" qu'en pensez vous?
- Absolument pas! Bien au contraire. Je n'ai jamais connu une équipe où règne la camaraderie, le générosité et la passion comme aux Fenris aujourd'hui. Je vois chez nous et dans d'autres clubs plein de jeunes dirigeants passionnés, plein d'idées, des gens généreux. A Dijon on a deux types extraordinaires, Alexandre Turpin, joueur, entraîneur des cadets et dirigeant du club et Olivier Champion joueur aussi et entraîneur des juniors. Ce sont deux personnes géniales.

- Vous croyez que d'autres pourraient vous imiter et jouer si longtemps?
- Bien sur! C'est surtout une question culturelle! Souvent les joueurs arrêtent entre 25 et 30 ans car ils sont trop pris par leur boulot, leurs enfants, leurs obligations. Ensuite après 40 ans, leurs enfants grands ils se retrouvent à nouveau avec du temps, voudraient bien reprendre le sport mais ils n'osent pas! Il suffit d'avoir le courage de reprendre. Au bout de deux trois mois d'entraînement ils sont à nouveau opérationnels. Il faudrait faire quelque chose pour faire venir dans nos clubs tout ces quadras qui n'osent pas par peur du ridicule, parce qu'ils ne se croient pas capables. Moi j'ai commencé le foot US à 40 ans!

- Oui mais vous êtes un Bednarik!! Vous savez si vous êtes de la même famille que le grand joueur des Eagles des années 50 (lui aussi LB et OL)?
- Je ne sais pas précisément mais probablement. Tout les Bednariks que j'ai rencontré dans ma vie sont originaires de la même petite région en Moravie et Slovaquie. Les noms de famille chez nous fonctionnent un peu comme les clans en Ecosse. On fait partie de la même "tribu"!

5 commentaires:

  1. A 61 ans, il ne serait pas le plus vieux joueur en exercice ?

    Miodrag Cipranic des Mous doit être plus jeune, je crois...

    Serge Monmerqué est plus jeune en tout cas (de 1958)

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  2. Portrait vraiment très intéressant et bien écrit.

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  3. Guillaume tu es le meilleur. ....sylvie de dijon

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  4. Josef, n'est pas que le meilleur, il est totalement divin en tout point de vue, physiquement et spirituellement, du moins au travers des moments que nous partageons. Lise-Valérie, de Dijon

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