Bruins-Habs. Histoire d'une rivalité


Nous sommes en pleine série Boston Bruins- Canadien de Montréal dans les phases finales de NHL avec un troisième match brulant prévu cette nuit. L’intensité de la rivalité entre les deux équipes est à un niveau presque inégalé dans le sport nord-américain (seules certaines rivalités NCAA et la Red Sox-Yankees en MLB sont comparables) et se rapproche, pour le meilleur et le pire, de certaines oppositions classiques du soccer européen, flirtant par moment avec une haine puissante entre fans. Petit historique pour mieux comprendre cette vieille affaire….

La clé de cette rivalité est multiple: Il y a son ancienneté (les deux équipes font partie des 6 équipes fondatrices de la NHL. En chiffres depuis 1924 cela donne une fiche de 350-264-13 en faveur de Montréal en saison régulière, 103-68 en playoffs.), son intensité (elle s’est forgée dans 34 ( !) séries de playoffs et 8 cruciaux « Game7 »), et une certaine proximité géographique.

Pour rajouter un peu d’huile sur le feu il y a eu aussi des humiliations (18 séries de playoffs gagnées de suite par Montréal entre 46 et 87) qui bien sur provoquent d’irrésistibles envies de vengeance et cette année la fin d’une longue attente (c’est la première fois que les deux clubs se rencontrent après le premier tour depuis 1992). Bref de quoi faire monter la sauce !

Dans le genre attente, les fans des Habs, longtemps dominateurs de la ligue, attendent un titre depuis une éternité (1993) et faire chuter Boston, champion 2011, finaliste 2013 et meilleure équipe de la saison régulière serait évidemment un très bon signe.

Il y a comme quelque chose d’inévitable dans cette rivalité comme si on ne pouvait pas faire sans quand on vit dans ces deux villes. Claude Julien, le coach des Bruins le résume simplement:” Je détestais Boston quand j’étais à Montréal. Je déteste Montréal car je suis maintenant à Boston ». En plus les équipes de cette année sont parfaitement en adéquation avec les vieux clichés : Les Habs sont plus petits, patinent plus vite, jouent plus collectif. Les Bruins sont grands, physiques et sans pitié. De quoi bien coller à la riche histoire de cette rivalité.

Parmi les grands moments des chocs entre Canadiens et Bruins on citera le “plus beau but de l’histoire” marqué par Maurice "Rocket" Richard, bandé et le visage en sang, pour gagner les demies finales 1952.

On n’oubliera évidemment pas 3 ans plus tard le “Richard Riot” quand le même « Rocket » fut dans un premier temps sérieusement blessé par un coup de crosse au visage de Hal Laycoe avant de se venger violemment crosse en avant (et la cassant au passage) sur le défenseur de Boston. Maurice Richard mettra ensuite KO un arbitre essayant de séparer les deux joueurs. La police de Boston essaiera d’arrêter le Montréalais dans les vestiaires après le match mais les joueurs feront bloc pour les empêcher d’agir. L’affaire n’en resta pas là et la ligue décida de réunir tout le monde dans ses bureaux de Montréal quelques jours plus tard et annonça la suspension de Richard pour le reste de la saison. Campbell le patron de la ligue fit alors l’erreur de se rendre au match suivant de Montréal. Les fans en colère lancèrent des œufs et divers détritus dans la direction de Campbell durant une bonne partie de la partie avant que la police n’intervienne à coups de gaz lacrymogènes. Le match fut arrêté, le forum évacué. Mais c’est en ville que les supporters continuèrent à hurler leur colère causant plus de 500 000 dollars de dégâts , vandalisant et pillant des magasins dans tout le centre-ville pendant une bonne partie de la nuit.

Entre 1965 et 1980 la rivalité connut son époque la plus glorieuse avec les deux équipes régulièrement en haut des classements, gagnant à elles deux 12 des 15 titres possibles. La série de 1971 qui révéla Ken Dryden alors rookie dans son face à face gagnant face aux grands scorers des Bruins Bobby Orr et Phil Esposito marqua son époque. A la fin des années 70, Esposito et Orr partis, le style de Boston se fait plus physique sous la conduite de Don Cherry. Montréal brille alors de mille feux avec Guy Lafleur et le coaching de Scotty Bowman. Les deux équipes vont alors livrer deux finales NHL épiques en 77 et 78, parfaites oppositions de style remportées à chaque fois par les Habs. En 79 c’est en demie finale que Montréal, en route vers un nouveau titre, se débarrasse des Bruins mais non sans difficultés : Yvon Lambert marque en prolongation du 7ème match.

De 82 à 93, même si les deux équipes ne dominent plus autant une ligue désormais plus grande et où le talent s’est dilué, les Bruins et les Habs continuent de se rencontrer très régulièrement en playoffs compte tenu du format appliqué par la NHL. Ils s’affrontent ainsi 8 fois de suite en playoffs entre 84 et 92 et Boston brise enfin la malédiction des 18 séries perdues de suite contre les Habs en éliminant Montréal en demie finale en 88. Un succès qui sera de nouveau au rendez-vous en 91 et 92.

Les réalignements et expansions vont refroidir quelque peu la rivalité et de 94 à 2002 les deux équipes ne se retrouvent plus face à face en playoffs. Il faut dire que les deux franchises traversent alors des mauvaises passes et qu’elles ne sont pas toujours au rendez-vous de la post-season.

Les Bruins vont reprendre du poil de la bête et Montréal retrouve aussi du mordant au milieu des années 2000. La série de 2008 qui va en 7 matchs réveillera ainsi quelque peu les passions. En 2011 plusieurs matchs plutôt chauds (un aura 6 bagarres et 187 minutes de pénalités, un autre sera marqué par la grave blessure de Pacioretty après un violent bloc de Chara), vont continuer à raviver les vieilles rancœurs. Lors du premier tour des playoffs cette saison-là les Bruins éliminent le Canadien en 7 matchs et en prolongation en route vers le titre. Là encore la série est marquée par quelques incidents. Même si les deux saisons suivantes les deux équipes ne se retrouvent pas en playoffs, les matchs retrouvent toute l’intensité de la grande époque et la série de cette année est en quelques sorte le couronnement du grand retour de la rivalité.

Une rivalité qui devrait continuer à obséder les fans de deux équipes puisqu’avec le nouveau format des divisions NHL les équipes ont désormais beaucoup plus de chances de se retrouver en playoffs que durant les deux dernières décennies.

En attendant à vos écrans pour la suite d'une Serie 2014 partie sur les chapeaux de roues!

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