Requiem pour 6 jours.

Samedi soir 43 ans de tradition sportive grenobloise se sont subitement arrêtés. Réduits à 4 ces deux dernières années et à trois cette année les Six jours de Grenoble sont morts. Derniers représentants en France d’un type de compétition de cyclisme sur piste aussi original que spectaculaire, ils retrouvent les 6 Jours de Bordeaux ou ceux de Paris au cimetière ces compétitions sportives. Depuis toujours liés au Palais des Sports construit pour les Jeux Olympiques de 1968, les Six Jours ont rythmé les automnes de la Capitale des Alpes durant ces quelques 4 décennies. Georges Cazeneuve qui a donné aussi au sport le Critérium du Dauphiné Libéré fut à l’origine de cette compétition par équipe qui a vu passé quelques-uns des plus grands du cyclisme. Eddy Merckx, Laurent Fignon, Greg Lemond, Stephen Roche, Zoetemelk, Francesco Moser, Bernard Vallet, Gilbert Duclos-Lassalle ont été de ces folles soirées du Palais des Sports. Sans oublier les locaux, Jeannie Longo, JC Colotti, Claveyrolat, Charly Mottet et le toujours fidèle Bernard Thévenet qui était encore là cette année comme chef de piste.

Plus qu’une simple épreuve sportive les Six jours c’était aussi et surtout une ambiance. Resto gastronomique pour les plus fortunés qui avaient accès au centre de la piste, salle de concert où les petites et les grandes vedettes sont passées pour des entractes de luxe, piste aux étoiles où l’on était sûr chaque soir de voir un spectacle différent, une attraction, une curiosité qui du cirque à la cascade, du festif à l’émotion donnait à tous, sportifs ou non, un attrait particulier à ces folles nuits grenobloises. Quant aux fans de vélo, quelle incroyable et précieuse occasion de passer des soirées entières avec ses idoles, là à quelques mètres de vous ! Il en brillait des yeux de gosses à la grande époque des années 80 !

Oui c’est vrai, avec une spécialisation accrue dans le cyclisme, des managers réticents aux prises de risque sur piste, des coureurs moins accessibles, l’intérêt un peu moins fort pour un sport ayant beaucoup souffert des scandales du dopage, les 6 jours ont perdu de leur lustre, petit à petit. Il n’empêche qu’avec encore le week end dernier la présence de champions du Monde sur piste (comme François Pervis et Gregory Baugé), de grands espoirs de la spécialité (comme le vainqueur Thomas Boudat) ou de solides routiers (Nacer Bouhanni) l’affiche était encore belle et on était loin de ce que le maire de Grenoble déclarait il y a quelques jours : "Les 6 Jours, c’est la mythologie du vélo des années 80, a-t-il déclaré le 5 septembre dernier à nos confrères de Télé Grenoble. Les grands champions venaient mais aujourd’hui, il n’y a plus personne. Même les amoureux de vélo ne peuvent pas me citer un champion présent sur ces trois jours.". Un maire qui semble-t-il n’a ni la culture sportive, ni la culture locale pour savoir de quoi il parle et qui n’a fait aucun effort pour sauver une partie du patrimoine de la ville. Il parait que la piste est déjà vendue…

Il faut bien dire qu’à Grenoble ça fait bien longtemps qu’on ne sait plus s’amuser, ni avoir d’ambition. Avec des premiers magistrats aussi charismatiques que des harengs saurs, dogmatiques et allergiques à toute initiative, qu’elle est loin l’époque où la ville, après le coup de pouce de 68 était devenue la ville la plus dynamique du pays, avant-gardiste voir futuriste, où tout semblait possible! La fin des Six Jours finalement n’est rien de plus que le symbole d’une ville qui redevient doucement mais surement ce qu’elle a été pendant la plus grande partie de son passé : Une petite ville endormie recroquevillée sur elle-même que Stendhal, son plus illustre enfant, détestait pour ça en son temps. RIP Six Jours, RIP le Grenoble de mon enfance.

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