Clubs et Nations, le curieux mélange français


C'est à chaque fois la même chose. On y a eu droit au début des années 90 quand l'OM de Tapie jouait les premiers rôles et gagnait la seule C1 du football français. On y a eu droit quand Aulas et son OL faisaient le forcing pour intégrer le club restreint des meilleures équipes européennes des années 2000. Et évidemment on y a droit depuis que le PSG a les moyens de titiller les Barça et Real de ce monde. Ne pas être supporter de ces clubs lorsqu'ils affrontent des clubs d'autres championnats, ou pire, se réjouir de leurs mésaventures fait de vous un salaud, un connard indigne de son passeport "République Française". Une réaction aussi absurde que typiquement française et qui me rend, une nouvelle fois, complètement ébahi devant le fameux chauvinisme du "sportif" français qui a une vision des sports collectifs tout à fait particulière.


Pourtant, pour le supporter cocardier, patriote voir même nationaliste il y a une équipe parfaite: L'équipe de France. La sélection des meilleurs joueurs français qui s'en va affronter régulièrement d'autres sélections nationales. Ce n'est pas pour rien si l'Euro s'appelait autrefois "le Championnat d'Europe des Nations". Ces compétitions dites nationales sont faites justement pour les amateurs de patriotisme en tout genre, de "communion collective de tout un pays"et autres joyeusetés qui en d'autres temps ont donné de belles boucheries. Ceux qui me connaissent bien savent à quel point je suis complètement étranger à ces compétitions où l'amour du sport s'efface en général devant des travers nauséabonds et xénophobes que l'on se permet collectivement quand on les interdirait bien évidemment si ils étaient commis par des individus seuls. Si je garde un oeil sur ces compétitions quand elles concernent le foot US ou le baseball (quand elles sont des baromètres intéressants des développements de ces sports dans les différents pays européens), il y a bien longtemps que j'ai rayé de mes listes les rigolades des 15 et 11 de France. Chacun ses goûts.

Mais en France, apparemment, ces compétitions ne suffisent pas à la plèbe patriote. Et il faut que nos chauvins nationaux viennent nous brandir leurs drapeaux dès qu'un club basé en France vient affronter un club d'un autre pays. Quand vous parlez de ce curieux phénomène ailleurs sur notre Continent vous avez droit à de drôles de sourires. Essayez de demander à un supporter du Barça de soutenir le Real au prochain tour de la Ligue des Champions ou, restons dans un périmètre encore plus restreint à un fan de la Roma de pousser pour la Lazio lors de la prochaine Ligue Europa. Vous pourriez être assez mal reçu!

Quand l'Olympique Lyonnais, le PSG ou l'ASSE, quand l'AC Milan, le FC Liverpool ou le Benfica ont été fondés jamais leurs créateurs n'ont eu la moindre ambition de représenter un jour le pays dans lequel leur ville est située. Chaque club, où qu'il soit dans le Monde ne représente rien d'autre que ses membres, ses supporters, ceux qui se reconnaissent en lui. Leur "marché" peut être une ville, un quartier, parfois une région, quelquefois une classe sociale, un parti politique ou une religion mais un pays entier? Jamais. On peut parfois voir l'Atletic Bilbao ou le Barça comme des espèces de sélections nationales de pays qui n'existent pas vraiment. Mais c'est justement parce que ces pays n'existent pas, n'ont pas d'équipe nationales officielles que ces clubs ont en quelque sorte comblé un vide.

Alors pourquoi chaque français devrait il subitement devenir Marseillais, Parisien ou Bordelais dès que les clubs de ses villes vont affronter un club basé en Italie, Espagne ou Angleterre? De part mon histoire personnelle je suis bien plus Barcelonais que Marseillais. Et même en ayant vécu et aimé vivre plusieurs années à Paris ou à Lyon je ne me suis jamais reconnu dans les clubs de soccer locaux. En quoi le PSG de 2016 devrait en quelque façon que ce soit me représenter? Pourquoi devrais je le soutenir? Je ne me reconnais ni dans son style de jeu, ni dans ses méthodes ni dans son management. Je n'ai pas de sympathie particulière pour Paris par rapport à d'autres villes françaises ou européennes et pourtant je dois, comme en 92 avec l'OM comme en 2000 avec l'OL, supporter insultes et colibets simplement parce que je suis français? Aimer un club ou le détester d'ailleurs, touche à l'intime, à son histoire personnelle à son vécu propre. Justement on est très loin des grands messes nationales. On suit le club de son père ou peut être à l'inverse, pour l'agacer, on le déteste. On hurle pour le club de "sa ville", même si elle n'est plus votre ville depuis 25 ans. On aime aussi cet autre club d'une ville où vous n'avez jamais mis les pieds parce que c'est le club de ce joueur, ou parce qu'ils ont de beaux maillots ou parce que vous les avez adoré lors de la finale 2001. Peu importe. c'est à vous, c'est votre choix. C'est pour ça qu'il est absolument insupportable que qui que ce soit vienne, pour des raisons à eux venir vous faire la moindre leçon.

Aimez Manchester United, haissez l'AJ Auxerre, chantez pour les Rangers, pleurez pour la Juve. faites donc bien ce que vous voulez. Le sport est encore un endroit où vous pouvez faire comme vous avez envie. D'où que vous soyez, quelque soit votre nom, votre couleur, votre passeport.

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